Avec des vagues de chaleur de plus en plus fréquentes et intenses, le confort d’été s’impose comme un enjeu central pour les bâtiments publics. Dans cet épisode de notre podcast, la parole est donnée à plusieurs experts pour explorer ce sujet encore trop souvent relégué au second plan. Objectif : comprendre les leviers d’action pour mieux vivre dans les bâtiments… même quand le thermomètre s’affole.
Six paramètres principaux influencent le confort d’été : métabolisme, habillement, température ambiante, température des parois, humidité relative, et vitesse de l’air. Une alchimie fine, expliquée par Samy Hamdi, Conseiller technique chez ACTEE. Il rappelle que le confort ne se résume pas à une température : « Il y a toujours une combinaison entre ces différents paramètres, et c’est pour cela que ce n’est pas toujours évident de pouvoir évaluer correctement le confort d’été. »
Les collectivités locales sont en première ligne face à cette problématique, notamment à travers leurs nombreux bâtiments scolaires. « Plus de 50 % des surfaces détenues par les collectivités sont des bâtiments scolaires », souligne Samy Hamdi. Un enjeu à la fois sanitaire, éducatif et social : permettre aux élèves de travailler dans de bonnes conditions, même pendant les périodes d’examens en pleine canicule.
Si l’architecture bioclimatique offre des solutions (orientation, végétation, ventilation naturelle…), elle est difficilement applicable à l’existant. Philippe Estingoy, ancien directeur de l’AQC, rappelle que « l’essentiel des constructions de 2050 est déjà là ». D’où l’importance d’audits énergétiques ciblés, que nous finançons, pour adapter au mieux les bâtiments aux futures conditions climatiques.
Nous intégrons le confort d’été dans nos cahiers des charges d’audit énergétique, avec deux briques : un questionnaire obligatoire pour recueillir le ressenti des occupants, et une simulation thermique dynamique en option. Ces outils permettent d’objectiver les sensations et de prioriser les travaux.
Et côté solutions ? Pas forcément la climatisation, que Samy Hamdi qualifie de « fausse bonne idée », à cause de ses impacts énergétiques, économiques et environnementaux. Mieux vaut miser sur des alternatives comme les brasseurs d’air, les toitures claires ou les protections solaires, comme l’a fait la communauté de communes Cœur de Savoie, prise en exemple dans le podcast.
Bruno Malet-Damour, enseignant-chercheur à La Réunion, invite à regarder vers les territoires ultra-marins, véritables laboratoires climatiques. Ventilation naturelle, conception vernaculaire, mais aussi travaux sur la perception sensorielle sont au cœur des stratégies d’adaptation.
Il développe notamment l’hypothèse “teinte-chaleur” : des couleurs froides et une lumière blanche légèrement bleutée peuvent influencer la perception thermique d’un espace, avec un effet ressenti allant jusqu’à 2°C.
Adapter les bâtiments, c’est aussi penser global et sur la durée. Cela implique parfois d’investir davantage au départ pour garantir un confort durable, en s’appuyant sur une assistance à maîtrise d’ouvrage environnementale. Nous soutenons financièrement ces prestations, tout comme les audits ou les postes d’économes de flux.
Et la dynamique se poursuit : des modules de formation sur le confort d’été sont en cours de développement, à destination des économes de flux. Objectif : outiller au mieux les collectivités pour affronter les étés à venir.