Avec RACINE (Recherche sur l’Adaptation aux Canicules à l’Intérieur de Nos Écoles), 15 écoles pilotes équipées d’une instrumentation spécifique expérimentent des solutions pratiques et reproductibles pour améliorer le confort thermique. Objectifs : permettre aux écoles de poursuivre les cours dans de meilleures conditions, apprendre aux usagers à gérer eux-mêmes la chaleur, et réduire les blocages organisationnels. Dans certaines classes inadaptées, la température atteint déjà jusqu’à 37°C.
Piloté et financé par ACTEE avec un conseil scientifique associant l’ADEME, le CSTB, l’AQC, l’AMF et une dizaine de partenaires, le projet RACINE accompagne depuis juin 2025 15 écoles représentatives du territoire français pour expérimenter des solutions concrètes, sobres et reproductibles. Objectif : adapter rapidement les écoles, particulièrement vulnérables à la chaleur des épisodes caniculaires.
RACINE a équipé en juin 2025 chaque école pilote avec un dispositif d’instrumentation simplifié et accessible. Capteurs de température, humidité, CO2 fournis par ACTEE mesurent en temps réel les conditions thermiques afin d’évaluer l’efficacité des actions mises en place. Les premières analyses montrent, avant le lancement des actions, des situations préoccupantes :
« Le sujet de la surchauffe, du confort thermique, est noyé entre différents acteurs (collectivités, enseignants, gestionnaires des bâtiments) avec des conséquences négatives pour tous : factures pour la collectivité, inconfort pour les enfants et les enseignants. » Commente Amaury Fievez, Chercheur au sein du programme ACTEE – Adaptabilité des écoles publiques aux vagues de chaleur.
Cette instrumentation permettra un suivi rigoureux sur toute la période estivale, jusqu’à fin septembre. L’ensemble du projet s’étendra jusqu’à décembre 2026, avec des phases régulières d’évaluation, de capitalisation des retours d’expérience et d’élargissement progressif à d’autres écoles sur le territoire. Ces moyens permettront de fournir aux collectivités des résultats concrets et exploitables rapidement, en lien direct avec les réalités du terrain.
Chaque école participante dispose d’un référent formé spécifiquement par ACTEE à la gestion thermique des bâtiments. Econome de flux, élu ou agent chargé de l’énergie, il est chargé de piloter la démarche expérimentale, d’animer les échanges sur le terrain et de faire vivre une approche collaborative et participative. RACINE explore quatre grands axes de recherche, dans une démarche expérimentale :
Sans engager de travaux importants, les recommandations de RACINE sont de protéger les classes du rayonnement solaire et de ventiler, la nuit quand les températures descendent. Ces mesures « low-tech », accessibles et reproductibles partout, sont immédiatement efficaces.
Ventiler intelligemment
Se protéger du soleil
Rénover efficacement
À moyen terme, il est possible de s’engager dans un parcours structuré de rénovation énergétique. Priorités : isolation thermique performante, protection solaire (stores), ventilation adaptée, et équipements sobres en énergies (PAC réversible si pertinent).
« Chaque territoire doit adapter ses solutions selon son climat futur, son bâti et ses ressources locales. Éviter les solutions trompeuses : climatiser sans rénovation ou rejeter la chaleur dans des rues étroites n’apporte pas de solution durable. » Avertit Amaury Fievez, Chercheur au sein d’ACTEE – Adaptabilité des écoles publiques aux vagues de chaleur.
Les écoles françaises, en particulier celles construites depuis les années 1960, ne sont pas conçues pour résister efficacement aux vagues de chaleur. Vitres exposées plein sud (également ouest/est) sans protection, absence de végétation extérieure, mauvaise isolation des toitures : les établissements scolaires deviennent rapidement inconfortables, voire dangereux, lors des fortes chaleurs alors qu’elles accueillent un public bien plus sensible que les adultes.
“Dans la trajectoire actuelle du changement climatique, on pourrait avoir à Brest d’ici la fin du siècle les mêmes pics de chaleur qu’à Perpignan aujourd’hui. Ces épisodes sont plus réguliers et pas seulement restreints au coeur de l’été, mais sur une période de 5 à 6 mois par an, de mai à octobre.” Guillaume Perrin, Directeur d’ACTEE
Les enfants sont particulièrement vulnérables face à ces conditions thermiques difficiles. Leur système de régulation thermique est encore en développement, et ils sont moins aptes à exprimer clairement leur inconfort. Or, ces conditions impactent directement leur capacité de concentration, leur santé, et leur apprentissage.
Le projet RACINE s’inscrit pleinement dans l’engagement plus large d’ACTEE en faveur des écoles françaises :
Les établissements sélectionnés illustrent la diversité géographique et architecturale du parc scolaire français. Chaque semestre, RACINE élargira son expérimentation à de nouvelles écoles, capitalisant sur les expériences réussies pour proposer des réponses généralisables.
Contribuer à la réflexion nationale : la convention citoyenne sur les rythmes scolaires
Les résultats et retours d’expérience de RACINE viendront nourrir les débats sur l’évolution nécessaire des rythmes scolaires dans le contexte du changement climatique. Une convention citoyenne sur les rythmes scolaires a récemment été lancée pour questionner et adapter le calendrier scolaire aux nouvelles contraintes climatiques. RACINE fournira des données opérationnelles précieuses à cette réflexion nationale.