Publié le 30/07/2024

Ardenne métropole : une rénovation facteur de sobriété énergétique au centre aquatique Bernard Albin

Gérées à 85% par des collectivités territoriales, centres aquatiques et piscines, ultra-gourmands en énergie, consomment en moyenne 10 fois plus qu’un bâtiment tertiaire commun. Leur rénovation énergétique représente un défi colossal, d’autant que 60% de ces équipements sportifs ont plus de 40 ans.

Accompagnée par Actee. Ardenne métropole a relevé le défi, et rénové son centre aquatique Bernard Albin (CABA), à Charleville-Mézières. Retour sur un projet ayant permis de générer 40% d’économies d’énergie avec Philippe Claude, vice-président en charge des travaux communautaires, Victor Moniot, chargé de mission Climat Air Energie, et Vincent Frasiak, chef de bassin.

Pourquoi vous être lancés dans ce projet de rénovation?

Philippe CLAUDE Philippe Claude : L’importance du CABA pour l’agglomération a bien sûr joué. Ardenne métropole gère trois centres aquatiques, drainant du monde même hors agglomération. Ce sont des lieux essentiels, ne serait-ce que pour permettre aux enfants d’apprendre à nager -c’est d’ailleurs obligatoire à l’école primaire- et pour l’accueil des clubs comme le Charleville-Mézières Natation, premier club de natation du Grand Est. Il y avait aussi le fait que le CABA, sans être « vieux », commençait à prendre de l’âge puisqu’il avait presque 22 ans. Mais l’élément déclencheur a bien sûr été le poids des dépenses énergétiques: comme mis en évidence par un audit énergétique en 2021, le CABA représentait 40% de la consommation énergétique de tous les bâtiments gérés par la communauté d’agglomération… Et ça, ça motive!

Quel rôle a joué ACTEE ? Quels travaux avez-vous réalisés?

Philippe Claude : Être accompagnés était important, d’autant que le budget du chantier avoisinait les 2,4 millions d’euros, Nous avons été aidés par l’Etat (via le Fonds vert), le Département, et accompagnés par ACTEE pour la maîtrise d’œuvre. Une maîtrise d’œuvre spécifique étant donné les caractéristiques singulières des équipements aquatiques.

 

Victor Moniot : Aujourd’hui achevés, les travaux ont duré 6-7 mois mais le CABA n’a fermé que 3 mois (à l’été 2023), lors des phases où les bassins devaient être hors d’eau. Une part importante du chantier a consisté à reprendre l’isolation du toit du CABA, pour poser une couche d’isolant plus robuste et performant. Nous avons aussi changé les panneaux solaires thermiques défectueux qui y étaient installés et en avons ajouté.

 

Pour réduire les consommations associées au système de pompage de l’eau des bassins, nous avons installé des pompes, équipées d’un système de récupération de chaleur. Résultat, au lieu d’évacuer des milliers de m3 d’eau chaude dans les égouts, nous utilisons la chaleur de l’eau pour préchauffer l’arrivée d’eau froide. Dotées de moteurs moins gourmands en électricité, ces pompes ont aussi un débit variable, ce qui nous permet d’adapter leur fonctionnement aux besoins du moment.

 

Nous avons aussi remplacé l’ancien système de filtration des bassins pour le remplacer par un système de filtres à bille de verre. Une solution plus efficace et plus écologique qui limite l’encrassement du filtre, diminue la consommation en eau et réduit l’utilisation des produits de traitement.

 

Nous avons aussi mis en place des ombrières photovoltaïques sur le parking. Et changé notre centrale de traitement de l’air. Avant, on luttait contre l’humidité ambiante en injectant de l’air sec venu de l’extérieur, même en hiver. Aujourd’hui, l’air ambiant passe par une batterie froide sur laquelle il abandonne son humidité avant d’être réinjecté. Et comme cette batterie est connectée à une pompe à chaleur, l’énergie prise à l’air ambiant est utilisée pour préchauffer l’eau.

 

Dernier point: ce chantier inclut aussi la prochaine création d’un bassin nordique de 50 mètres, qui accueillera le public en 2027. Il permettra de désengorger les bassins actuels sans dépense énergétique trop importante car la température de l’eau d’un bassin extérieur est inférieure à celle d’une piscine couverte, qu’il n’y a pas besoin d’éclairer ou de chauffer l’air ambiant, et qu’aux beaux jours on peut tirer parti de l’énergie solaire.

Quels bénéfices en tirez-vous, pour les usagers comme pour l'agglomération?

Vincent Frasiak : Côté usagers, hors ombrières de panneaux photovoltaïques sur le parking et ouverture prochaine du bassin nordique, les travaux se voient peu car ils concernaient surtout les locaux techniques. Mais on a noté des bénéfices sensibles pour tout le monde, notamment en termes de luminosité des bassins et de qualité de l’air intérieur. Ceux qui viennent souvent l’ont remarqué. Et pour nous, professionnels -maîtres-nageurs, agents techniques, agents d’accueil- c’est un vrai « plus » en termes de qualité de vie au travail.

 

Philippe Claude : Côté agglomération, le CABA consomme désormais 40% de moins qu’avant travaux. C’est un sacré « plus » côté dépenses pour la collectivité.

 

Mais cela va plus loin, car cette rénovation nous a mis le pied à l’étrier sur tout ce qui est « sobriété énergétique ».

 

La dynamique était certes déjà en germe, mais aujourd’hui, c’est une vraie priorité, associant déploiement du photovoltaïque sur l’ensemble du patrimoine et rénovation énergétique du bâti. La rénovation énergétique du siège de l’agglomération est en cours, les études pour la rénovation de deux médiathèques (maîtrise d’œuvre financée par ACTEE) aussi.

 

Et nous avons engagé la rénovation de nos deux autres équipements aquatiques: la piscine de la Ronde-Couture, et le centre aquatique de Sedan, pour lequel ACTEE finance les coûts d’assistance à maîtrise d’ouvrage.

Elma Haro