Publié le 31/05/2024

Le portrait de Bénédicte Bourgoin, économe de flux

« Rendre lisible un domaine apparemment très technique  »

Bénédicte Bourgoin, économe de flux-thermicienne pour la commune de Vauréal (Val-d’Oise).

« Je suis devenue économe de flux-thermicienne parce que j’étais en quête de sens. Le déclic est venu lors de la crise Covid. J’ai pris conscience de la dissonance entre le métier que j’exerçais depuis 25 ans -cadre dans le marketing et la relation clients- et mes convictions écologiques. Je voulais agir pour la planète. Et j’étais particulièrement intéressée par tout ce qui est économies d’énergie… Je me suis donc lancée dans une formation de chef de projet en rénovation énergétique à l’école La Solive. 

 

Au départ, je pensais travailler au service des particuliers, en accompagnant les personnes en situation de précarité énergétique pour les aider à rénover leur logement à moindre coût. Mais, lors de mon stage de fin d’études au sein de l’association Soliha, j’ai pris conscience du rôle crucial des collectivités territoriales. Nouveau déclic ! En suivant pendant 2 mois les conseillers en énergie partagée, qui accompagnent les communes de moins de 10.000 habitants, j’ai réalisé que je pouvais aller beaucoup plus loin et plus vite : en rénovant une école, on touche 100 à 300 foyers d’un coup !  

 

J’ai été embauchée en décembre 2023 par la ville de Vauréal, membre de la communauté d’agglomération de Cergy-Pontoise. Mon poste est financé pour partie par le programme Actee, ce qui m’ancre dans un réseau, précieux en termes d’échanges entre pairs et de ressources techniques. Agents et élus de la commune sont très sensibles au développement durable, et conscients des impératifs en termes d’économies d’énergie. Mon rôle n’est pas de leur faire la leçon – ils savent. Il est de les accompagner pratiquement parlant. De rendre intelligible un domaine apparemment très technique. De leur donner une visibilité. Et une feuille de route.   

Inventaire du bâti, étude des factures, optimisation des systèmes de chauffage et de ventilation existants, réalisation d’un schéma directeur énergétique, audit énergétiques, projets de développement des énergies renouvelables … Mon métier mixe la technique et l’humain.  Et j’adore ! Faire comprendre, par exemple, que quand on travaille sur tout ce qui est rénovation énergétique, il faut prendre en compte la nature des matériaux du bâti existant. Que penser isolation impose de penser aussi ventilation. Ou que mettre une pompe à chaleur ne sert à rien si murs et toit sont mal isolés. 

 

Et puis je suis aussi en lien avec les usagers, avec l’agglomération, avec des artisans locaux dans le domaine des isolants biosourcés et avec les acteurs du territoire travaillant sur les énergies renouvelables -qu’il s’agisse de photovoltaïque ou de géothermie. 

 

Là, j’ai pu identifier les 18 bâtiments municipaux concernés par le décret tertiaire, et, parmi eux, les plus énergétivores – une école encore dotée d’une chaudière au fioul, un gymnase aux fenêtres en polyuréthanne ou une bibliothèque qui a de très grandes baies vitrées déperditives … il faut identifier la solution sur mesure pour chaque bâtiment et parfois réfléchir au-delà du bâti existant ! Plus j’avance et plus je m’interroge sur le moyen de massifier les rénovations… En tous cas, c’est vraiment génial d’œuvrer au service des citoyens, avec un objectif de confort de vie… et pour la planète via des objectifs d’économies d’énergie ! »

Elma Haro